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Terrorisme. L'idiot regarde le doigt…

17 Juillet 2016 , Rédigé par Fatima Souab

La signature que le tueur a laissée dans son véhicule

La signature que le tueur a laissée dans son véhicule

Dans la soirée du 14 juillet, vers 22 h 45, à bord de son camion blanc frigorifique de 19 tonnes, Mohamed Lahouaiej Bouhlel, un délinquant, a foncé dans la foule sur la Promenade des Anglais à Nice. Le conducteur a parcouru deux kilomètres et a fait 84 victimes. Une cinquantaine de personnes sont en urgence absolue tandis que deux cents autres sont blessées. Peu après l’attentat est revendiqué par l’Etat islamique. Et la radicalisation du tueur, connu par la justice et par ses proches pour ses accès de violence et son instabilité psychologique, est jugée rapide. Si elle n'en continue pas de susciter débats et polémiques, elle reste le doigt que l'idiot fixe pendant que le sage montre la lune. 

Comment supporter ça en silence ? Comment faire pour vaquer à ses occupations sans s’interroger sur ce monde qui ne tourne pas rond. Pourquoi le bon sens l’a-t-il autant déserté ? Ça ne va pas. Rien ne va. Et plus le temps passe, plus les choses empirent. Ça se dégrade sur tous les plans. Dire que le monde de la démocratie est libre n’est plus suffisant. En tout cas, ce n’est pas un argument convaincant. Ça fait longtemps que cette affirmation est juste de la parlotte. Je vis peut-être dans un monde libre mais je vis niquée. Alors je ne sais plus ce qui est le mieux. Libre ou niquée… Et de tout ça, je n’en suis pas fière. J’ai du mal à le revendiquer. Je crois que j’y ai perdu ma dignité. En fait, je ne le revendique pas du tout.

Dans le fond, j’ai honte. J’ai honte de ma vie. Si je voulais être vraiment sincère, je dirais que cette démocratie n’en est pas une. Mais je suis prête à concéder aux polémistes de tous bords que nous vivons dans l’idée et le mythe d’une démocratie. Et ce « nous»… appartient encore aux gens qui me niquent au quotidien. Dans les faits, j’évolue dans une oligarchie. La loi, la morale, les règles et les normes sont faites pour me soumettre.

Ces terroristes, on n’en voit pas le bout. Et j’ai le sentiment qu’on n’en verra pas le bout. Je les identifie comme le mal. C’est le Mal. Mais je n’ai les moyens de lutter contre eux.

Les amalgames et les polémiques vont commencer à pleuvoir dans notre pays. Même si le tueur Mohamed Lahouaiej Bouhlel est tunisien et sans doute à cause de cette origine. Celle-ci est problématique en France depuis pas mal d’années à cause de la présence d’enfants d’immigrés venant du Maghreb. Cette présence n’est pas acceptée. Elle est juste tolérée. Voyez l’histoire et les débats nés de la question de l’intégration devenant au fil du temps la question de la laïcité et l’intégrisme islamique. Si l’origine du tueur ne prédispose pas à la délinquance (voileur, violent, voleur), elle le condamne à l’islam et au prosélytisme de cette religion du fait de son besoin viscéral de conquérir et convertir l’Occident à la religion musulmane. Après la déchéance de la double nationalité en janvier dernier, je m’attends à quelque chose d’encore plus radicale. C’est dans l’ordre des choses. C’est légitime de céder à l’envie de haïr. Il y aura intolérance chez les uns (nos concitoyens ou nos voisins) et manipulation chez les autres (les politiques et les intellectuels médiatiques).

Pendant ce temps, je me sentirai plus que jamais impuissante. Pendant ce temps je me demanderai pourquoi ces connards ont choisi ces destins. Pourquoi ces jeunes hommes sont-ils devenus des terroristes ? Qu’est-ce que j’aurai pu ou dû faire à titre individuel pour les empêcher de choisir cette trajectoire ? Quelle est ma faute dans tout ça ? Malgré moi, je me sens fautive de quelque chose. En tant que citoyenne, j’ai failli et je ne sais pas en quoi j’ai failli. A quel moment cette faute a-t-elle commencé ?

Par moment, je rage de ne pas être née blanche, occidentale et chrétienne. Je ne me serai pas coltinée ces états d’âme propres aux gens venant de pays en voie de développement. Et leurs habituels problèmes… Je n’aurais éprouvé ni mes mélancolies ni mes déchirures. Ce matin, au réveil, j’ai éprouvé de la douleur, de l’impuissance et de la culpabilité.

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S
Je comprends ce sentiment - en ce qui me concerne, j'aurais préféré être née à une autre époque. Et plus que la culpabilité, c'est l'impuissance qui m'effraie. Alors peut être peut-on agir, d'une façon ou d'une autre, pour combattre l'obscurantisme. Par l'écriture par exemple, par l'éducation de nos enfants avant tout.
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